Comment choisir une police d’écriture ?
Hé pssst toi ! Oui toi !
Tu t’es déjà demandé pourquoi on utilisait une police de caractère plutôt qu’une autre ?
Dans le milieu de la communication, du graphisme et du design, l’utilisation d’une typographie repose sur des choix stratégiques et réfléchis. Selon l’information à faire passer, les valeurs que l’on souhaite évoquer, une écriture à un grand impact plus ou moins conscient sur la perception et la compréhension du message auprès du spectateur. Bref, on ne prends pas une police au hasard.
(Et en fait, caractères, typographie, police, tout ça ça veut dire la même chose.
3 mots pour une seule signification, c’est beaucoup oui, mais c’est comme ça. Aaaaaah la langue française…)
Le monde de la typographie est toute une science et vous seriez surpris de découvrir toutes les règles qui la composent.
Mais aujourd’hui on ne va pas parler des choses qui ne vous serviront jamais mis à part dans un dîner mondain plutôt ennuyeux, comme l’anatomie des lettres par exemple.
Non, aujourd’hui on va voir ensemble les différentes familles de typographie et dans quels cas on les utilise. Cela pourrait vous aider à comprendre pourquoi tel ou tel logo a cette écriture, pourquoi cette couverture de livre est écrit ainsi, pourquoi cette affiche utilise cette typo etc etc. Vous cernerez ainsi mieux les choix des graphistes. Plutôt sympa non ?
1 - Avant propos
Alors, pour commencer, il faut savoir qu’il existe plusieurs systèmes de classification pour trier toutes les typographies en diverses familles. Il y en a notamment deux qui sont très connues et que l’on doit à de célèbres typographes. Celle de Francis Thibaudeau qui a par la suite été complétée par celle de Maximilien Vox qu’on appelle la classification Vox-Atypi.
On pourrait également parler de la classification non-officielle qui distingue seulement les typos avec ou sans empattements (aussi appelées les serfs ou sans-serifs). Vous savez ce sont ces lettres qui ont un petit trait ou une forme rectangle ou triangle qui prolonge leurs
extrémités des lettres.
Comme cette classification est plutôt restreinte on va surtout se concentrer sur les deux premières que l’on va simplifier.
En effet, puisque la classification Thibaudeau à ensuite été complétée par M.Vox qui a dissocié les grandes familles Typographiques de Thibaudeau en sous famille, nous allons donc davantage nous concentrer sur cette classification Vox-Atypi qui est plus complète.
Juste pour votre culture personnelle, sachez que la classification Thibaudeau repose donc sur 4 grandes familles : Les Elzévirs, les Didots, les Egyptiennes et les Antiques.
Les Elzévirs furent dissociées en Humanes, Garaldes et Réales. Les Didots ont donné les Didones. Les Egyptiennes ont donné les Mécanes. Enfin, les Antiques regroupent les Linéales, les Incises, les Scriptes, les Manuaires et les Fractures (gothiques).
2 - Les humanes
Pour commencer nous avons la famille des « Humanes ». Originaires d’Italie, les typographies de cette famille ont été développées au tout début de l’imprimerie au XV siècle. Elles ont un empattement triangulaire et elles présentent un faible contraste entre les pleins et les déliés (c’est-à-dire les zones où le tracé de la lettre est le plus épais et le plus fin). On peut aussi les reconnaitre grâce au « e » minuscule qui à sa traverse inclinée. Encore utilisées aujourd’hui pour le titrage ou dans les livres, les typographies appartenant à cette famille évoqueront un côté ancien, classique, culturel, scientifique et historique.
3 - Les Garaldes
Ensuite, il y a les Garaldes.
Ce sont toutes ces typographies qui ont des empattements triangulaires, la barre transversale du « e » minuscule qui est horizontale, et de forts contrastes d’épaisseur de trait (qu’on nomme pleins et déliés dans le jargon). En typographie connues on trouve la Garamond par exemple (d’où le nom de Garalde d’ailleurs, en combinaison avec l’imprimeur Alde Manuce).
C’est une typographie qu’on utilise généralement pour donner un côté noble, délicat, classique, romantique, élégant, ancien (Renaissance).
4 - Les Réales
Nous avons aussi la famille des « Réales ». La naissance de cette famille remonte à la création de la typographie nommée « Romain du Roi » commandée par le Roi Soleil lui-même. Il souhaitait une police exclusivement destinée à l’imprimerie Royale et qui se démarque des Garaldes. Les Réales présentent un empattement triangulaire plus fin que les Garaldes et le contraste entre les pleins et les déliés est plus marqué. La Times New Roman, qui est une police très populaire, fait partie de cette famille. Faciles et agréables à lire, les typographies « Réales » sont souvent préconisées pour la rédaction d’un long texte. Cette famille de polices aux origines royales évoquera l’élégance, le baroque et le classicisme. Toutefois elle peut avoir un petit côté austère et désuet.
5 - Les Didones
Les Didones, sont tout comme les mécanes et les linéales, des typographies dites « modernes ». Nées avec la révolution industrielle fin XIX, les caractères modernes ont la caractéristique d’être conçus par des tracés simples et fonctionnels.
Les Didones, avec ses formes épurées, évoquent ainsi les écritures du XIX. On les reconnait notamment par leur très fort contraste dans l’épaisseur de leur trait (plein et déliés) vacillant entre l’extreme finesse et des parties plus épaisses. Par ailleurs, on les distingue grâce à leurs empattements fins assurément horizontaux.
On utilise surtout les Didones pour évoquer la dignité, le luxe, l’élégance, la rationalité, la technique, la mode, le romantisme. On les retrouve beaucoup dans la publicité pour attirer le regard et capter l’attention.
6 - Les Mécanes
Les Mécanes tirent leur inspiration des inscriptions Antiques (d’où leur nom originel d’Egyptiennes). Ce sont des écritures avec des empattements rectangulaires très épais, et avec de faibles variations d’épaisseur de trait. Son style remémore l’ère mécanique de la révolution industrielle et rappellent le côté populaire et ouvrier. On les utilise aussi assez fréquemment pour rappeler l’époque du Far West. Cette famille typographique s’emploie pour pour répondre à la volonté d’être lisible, percutante, d’évoquer un travail de la machine, un côté industriel.
7 - Les Linéales
Les linéales sont des polices de caractères qui n’ont pas d’empattement (appelées aussi typographie Baton ou sans-serif). Dans la majorité des cas, leur épaisseur est constante, il n’y a pas de variation de pleins et déliés. C’est une typographie relativement moderne avec sa simplicité et sobriété.
On les voit très régulièrement dans la publicité ou sur les sites internet car elles sont très lisibles. Pour cette même raison on l’emploi d’ailleurs couramment dans les textes de labeur (texte de lecture continue, l’opposé des textes de titrage).
On peut notamment donner comme exemple Arial, Helvetica, Futura… que vous avez certainement déjà vues.
On se sert des linéales pour ses vertus de simplicité, lisibilité, modernité, efficacité, sobriété, pureté, et son équilibre visuel.
8 - Les Incices
Nous trouvons également les typographies de la famille des « incises » qui imitent les capitales romaines autrefois gravées dans la pierre à l’aide d’un burin. Les lettres sont ainsi légèrement évasées et pointues, avec de petits empattements triangulaires pour évoquer l’incision du burin dans la pierre. Ces typographies seront aujourd’hui quasi exclusivement utilisées pour des titres, de très très courts textes ou même pour la création d’un logo. Elles évoquent un caractère ancien, historique, administratif, institutionnel et masculin. On peut aussi les apercevoir dans le domaine du sport de combat ou des jeux vidéo.
8 - Les Scriptes
Les scriptes (également appelées cursives) sont ces typographies qui imitent l’écriture manuelle attachée. Les lettres sont connectées les unes aux autres. Elles s’inspirent grandement de l’écriture manuscrite à la plume (calligraphie), avec leurs liaisons et leur inclinaison plus ou moins flagrante. On exploite cette police plutôt pour donner un côté sensible et humain à notre texte. Pour une lettre, un faire part, des invitations… par exemple.
Des sentiments d’élégance, de sincérité et de féminité se dégagent de cette famille typographique. On s’en sert aussi pour donner un côté romantique, historique, tendre, doux et plein d’amour à notre texte.
Elle est parfois difficilement lisible donc on évite généralement de l’utiliser sur de très longs textes.
9 - Les Manuaires
Tout comme la famille des scriptes, les polices de la catégorie des manuaires cherchent à imiter l’écriture manuscrite. Mais contrairement aux scriptes, les manuaires ne sont pas ligaturées (c’est-à-dire liées entre elles). Les manuaires s’inspirent des autres familles de typographies existantes, il en existe une multitude et elles sont très différentes les unes des autres. Ce type de typographie est plutôt utilisé pour le titrage et la publicité plutôt que pour des textes longs. Elles peuvent aussi être employées pour donner un aspect personnel et intimiste au contenu, un effet « fait main ».
10 - Les Fractures
Pour terminer, nous avons la familles des « fractures ». Les typographies de cette famille s’inspirent des caractères gothiques. Elles sont reconnaissables par leurs formes anguleuses et l’utilisation d’une graisse importante. Difficiles à lire, elles sont plutôt utilisées pour des titres. Elles évoqueront une ambiance médiévale & historique.
Le grand tour des grandes familles typographiques connues et classifiées est maintenant terminé.
Néanmoins, avant de te quitter, nous pouvons ajouter une dernière chose. Depuis ce système de classification Vox-Atypi, qui commence à dater il faut le dire, nous avons vu apparaitre dans le paysage graphique des typographies d’un genre nouveau. Celles-ci peuvent être difficilement catégorisées dans une des familles typographiques cités plus haut.
On les appelles les polices « fantaisies ». Les fantaisies ont davantage une fonction de décors et sont parfois un mélange entre les différentes familles typographiques. On en voit énormément et de plus en plus. Elles n’ont pas nécessairement de particularités physiques clairement déterminées puisqu’elles peuvent être très différentes les unes des autres.
On peut également parler d’une toute dernière catégorie d’écriture : « les non-latines », qui comme le nom l’indique, concerne toutes les typographies à caractères étrangers.
Voilà, là nous avons vraiment terminé notre petit blabla autour de la typographie.
A vous maintenant de bien choisir celle qui vous conviendra le mieux, en connaissant toutes leurs spécificités et leurs connotations.
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